Depuis deux mois, Écran Voisin nous fait découvrir sa programmation cinéma dans l’ancien amphithéâtre de médecine des Grands Voisins, avec trois ou quatre séances chaque dimanche : des courts métrages pour les enfants, des cycles thématiques, des invitations à des collectifs et des associations, des séances en présence des réalisateurs, etc.
Aujourd’hui, nous rencontrons Olivier Forest, un des initiateurs de ce projet qui oscille entre salle associative et festival de films expérimentaux.
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Olivier, peux tu nous dire comment est né le projet Écran Voisin ?
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C’est par Julien Boisseau de Ligne 15 que j’ai découvert les Grands Voisins, et que j’ai rencontré Lukasz Drygas de Yes We Camp. Je suis tombé amoureux des Grands Voisins, du lieu bien sûr, mais surtout de son esprit, cette idée d’inventer et de penser la ville différemment, avec d’autres valeurs.
Ça faisait un moment que j’avais envie de développer un lieu de cinéma un peu différent, inspiré de salles indépendantes, comme Union Docs à New-York, le Wolf Kino à Berlin, certaines salles à Amsterdam. Et par le mouvement des community cinema, en Angleterre. Des lieux qui ont une programmation non commerciale et différente des circuits classiques. Le projet vient aussi d’un dialogue que j’ai engagé avec Agnès Salson, qui a réalisé un tour d’Europe de ces salles indépendantes, et rédigé un rapport passionnant sur le sujet.
La rencontre avec Lukasz de Yes We Camp, Camille de Kino Kino et Clémence Huyghe a permis au projet de voir le jour, rapidement et dans une belle énergie.
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Peux tu nous présenter la team d’Écran Voisin ?
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C’est un véritable travail d’équipe. Nous sommes un petit noyau, soudé et efficace, pour faire fonctionner tout ça. Lukasz Drygas bien sûr, à la direction artistique, qui a transformé, à l’aide de Romain Best, l’amphithéâtre du bâtiment Lelong pour pouvoir accueillir un écran de cinéma, et a construit une scénographie. Il est un maillon essentiel de l’organisation. Camille Guillé de Kino Kino est en charge de la coordination et du suivi du projet. Clémence Huyghe a réalisé toute l’identité graphique et visuelle de l’Écran Voisin :programmes, affiches, etc, et a développé le site internet avec Yann Bougaret. Raphael Haziot de Yes We Camp est également très présent dans le projet à de multiples niveaux. Je m’occupe pour ma part de la programmation et de la coordination de la programmation, ce qui est mon métier par ailleurs.
Mais on est tous aussi à l’accueil, à la caisse, au montage et au démontage tous les dimanches.L’agence Jigsaw nous soutient pour le versant communication. Nous nous t’appuyons ussi sur les nombreuses énergies des Grands Voisins. Les programmes, par exemple, sont imprimés par Fidèle Éditions, dans les ateliers partagés des Grands Voisins. Et bien sûr de nombreux bénévoles participent et sont essentiels au bon fonctionnement du projet, notamment Shukrié, notre célèbre ouvreuse.
Et toi quel est ton parcours ?
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J’ai fait les Beaux Arts de Cergy, puis le Fresnoy à Tourcoing où j’ai étudié le cinéma. En 2007, j’ai créé le festival Filmer la musique qui se déroulait au Point Éphémère, et qui a eu cinq éditions. Depuis 2014, je suis co-fondateur et co-commissaire avec Benoît Hické du festival F.A.M.E, un festival de cinéma consacré à la musique et aux pop cultures, qui se déroule à la Gaîté Lyrique à Paris. La quatrième édition se tiendra en novembre 2017.
Comment se construit la programmation ?
L’idée est de montrer des films qu’on voit peu ou pas ailleurs. Des films qu’on voit en général surtout dans les festivals, mais aussi des films sauvages, réalisés hors des circuits classiques, des films oubliés, des formats courts, des longs, des films très contemporains et des films vintages, etc. L’idée, c’est de créer un chaudron, un bouillonnement de formes, d’idées, de rencontres.
La programmation, annoncée sur un mois, suit trois axes :
- Une sélection de films liée à la programmation des Grands Voisins, comme ce mois-ci, la Fashion Revolution Week, la Journée Internationale des Roms, ou le Mois de la Photo Off en avril.
- Des invitations à des collectif, des associations, qui font un travail autour du cinéma, et qui présentent une programmation, comme Cinéma Brut, Primavera Cinema, le collectif Nou, les Froufrous de Lilith etc, ou, ce mois-ci, Cinewax et FIDÉ (Festival International du Documentaire Émergent), Documentaire sur Grand Ecran, et bientôt Traces de Doc.
- Des cycles qui répondent à l’actualité, comme le cycle Revolt USA, qui s’attache aux mouvements de protestation aux États Unis depuis les années 60. Ou encore des films “coup de coeur”, que j’ai vraiment envie de montrer.
Nous essayons aussi de déclencher un dialogue avec les spectateurs en invitant le plus possible le réalisateur du film pour ouvrir la séance. Je suis aussi présent à chaque séance, tous les dimanches pour présenter le film et animer les discussions.
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Quels sont les premiers retours du public ?
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Très bon, nous avons beaucoup d’échanges avant et après les séances. On commence à avoir des habitués, des gens qui suivent de près la programmation et reviennent régulièrement, des gens qui nous contactent. L’Écran Voisin paraît répondre à un besoin. Je suis aussi très content que des personnes hébergées sur le site assistent régulièrement à des séances, et participent aux échanges après les projections. C’est un projet encore jeune qui commence à avoir son public.
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Quels sont les films à ne pas manquer ce mois-ci ?
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J’ai envie de dire tous, mais je ne suis pas très objectif !
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Programme complet sur le site d’Écran voisin : www.ecranvoisin.fr
PAF : Séances 4€ / Académie animée (jeune public) 3€
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