Isabelle est assistante sociale dans le centre d’hébergement Cœur de Femmes, qui accueille des femmes majeures isolées relativement autonomes dans la gestion du quotidien et sur un aspect financier, avec un projet professionnel. Ces femmes sont dans une dynamique d’insertion professionnelle. Le centre est partagé entre deux espaces : la Villa, dans le 18ème arrondissement, et le Hameau, situé aux Grands Voisins. Isabelle travaille principalement à la Villa et intervient ponctuellement au Hameau.
En quoi consiste le métier d’assistante sociale ?
Le métier d’assistante sociale est très varié, il y a autant de métiers que de lieux de pratiques.
Dans un centre d’hébergement, il s’agit de proposer différentes formes d’accompagnement.
Tout d’abord, il y a un accompagnement social global, qui est individualisé et adapté aux besoins de la personne : on part d’un projet co-écrit avec elle. L’objectif est de mettre la personne en capacité d’agir, de se développer, et qu’elle n’ait plus besoin de nous.
Il y a aussi un volet collectif, avec des propositions de sorties auxquelles les femmes peuvent participer. Par exemple, nous participons à des voyages avec les Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural (CIVAM). C’est une association qui met en relation des grands précaires plutôt urbains et des personnes vivant à la campagne, plus précisément des agriculteurs. Cela permet de découvrir un nouvel environnement et une nouvelle région de France, notamment le côté rural, loin des tours et des immeubles. Les personnes s’ouvrent sur des mentalités et des modes de vie différents.
Il peut aussi y avoir un accompagnement médical mais il est rarement nécessaire car les femmes du Hameau sont suffisamment autonomes.
Les personnes qui arrivent au Hameau sont censées avoir des revenus. Je m’occupe, avec des collègues, de leur accompagnement vers l’emploi et de chercher des sorties positives vers le logement. Par positives, j’entends que le logement réponde aux envies de la personne tout en restant en accord avec des principes de réalité de base. Il faut faire comprendre qu’en région parisienne, tout le monde n’habite pas dans l’hyper-centre. Les centres d’hébergement sont souvent dans Paris intra-muros et les personnes veulent rester dans le même arrondissement mais c’est difficilement possible. Il faut donc faire le deuil de son logement idéal et aller vers un logement qui est au moins le sien à défaut d’être exactement comme on le voudrait. Je travaille avec les personnes en amont, notamment lors de l’instruction de la demande de logement social. Nous envisageons la taille et les localisations, et nous commençons à parler du fonctionnement du logement en région parisienne. A partir du moment où on a rempli la demande, il y a un long délai d’attente.
Il y a aussi un volet d’accompagnement à la citoyenneté pour ouvrir les personnes à la ville et les orienter vers le droit commun : savoir se saisir des institutions comme la CAF ou la Mairie, savoir s’inscrire à des activités, participer à des événements qui ont lieu à Paris…
Qu’est ce que travailler au sein des Grands Voisins implique ?
Le site des Grands Voisins permet d’avoir un échange avec une diversité de structures, ce qui favorise les débouchés professionnels pour les personnes accueillies. Des femmes hébergées ici ont trouvé de bonnes opportunités, comme vendre de la nourriture. Il y un travail d’accompagnement à faire pour expliquer qu’il n’est pas possible de vendre de la nourriture partout, et il faut aussi veiller à ce que les normes d’hygiène soient respectées.
Nous ne sommes pas très présentes pour relayer les activités proposées aux Grands Voisins auprès des femmes mais elles sont autonomes et savent aller au devant des opportunités. Le système fonctionne bien car il y a dans l’équipe de coordination du projet du personnel dédié à ces activités, qui veille à ce que les résidents des centres d’hébergement soient informés et puissent s’impliquer s’ils le souhaitent.
Les Grands Voisins favorisent aussi le bien-être, avec la possibilité de mettre en place différentes activités. Nous avons par exemple proposé un atelier d’Aïkido à la coopérative de bien-être.
Toutefois, entre le moment où le site des Grands Voisins a ouvert et maintenant, je remarque qu’il y a moins d’activités. Le site s’est réduit, ça reste super mais, par rapport à l’effervescence de la première année, c’est plus calme.
Quel est l’aspect de votre métier que vous préférez ?
La pratique d’assistante sociale en centre d’hébergement permet de faire un accompagnement global. On met les mains à la pâte, au sens propre comme au figuré : on fait la cuisine, on fait des voyages, on organise des sorties culturelles, linguistiques, on écrit des courriers, on fait des accompagnements dans des administrations, des ouvertures de droits…
Il faut recentrer la personne, la mobiliser. Il faut réussir à faire émerger la “vraie demande” car une demande peut parfois être un prétexte à ce qui est réellement souhaité, qui parfois, est trop intime. C’est cette rencontre avec la personne que je trouve intéressante.
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